Je n’ai plus de « NON !»

Je suis allée dans cette boîte
Une boîte d’artifices
Où les corps se mettent en surface
Et créent des effets de densité
En jouant sur les apparences.

J’ai parlée à mon semblable
Il avait hâte de découvrir ma profondeur
Pour y mettre son doigt, sa langue ou sa queue
Il se sentait si dépeuplé
Qu’il espérait pouvoir combler son vide
En rebouchant mes trous.

Mon semblable était poète
Il avait tous les talents
Mais il ne pensait qu’avec ses couilles !

On reste en surface
On se donne un genre
On garde la face
On bouge son corps
Si t’assures
Y aura bien moyen de tirer un coup.

En attendant boit un coup
Ça détend…

Bien sûr tout ceci n’est qu’un jeu
Un jeu sans importance.

Lorsqu’ils jouent avec ton corps
Comme avec une poupée

Ce n’est qu’un jeu
Un jeu sans importance.

Lorsque tu es prêtes à le vendre au plus offrant
Ton cul.

Ce n’est qu’un jeu
Un jeu sans importance.

Lorsque tu penses leur faire plaisir
Avec un élastique dans la raie
Du vernis sur les ongles
Du silicone dans les seins
Habillée comme une princesse
Et suçant comme une reine.

Ce n’est qu’un jeu
Un jeu sans importance.

Lorsque tu es peut-être un bon coup
Une sale petite pute ou juste une salope.

Ce n’est qu’un jeu
Un jeu sans importance.

Lorsque tu es une proie
Depuis des milliers d’années
Tu n’as simplement plus envie de jouer.

Lorsque tu es une proie
Depuis des milliers d’années
Tu as du mal à rire
Aux blagues des prédateurs.

Dans un monde de guerriers,
Les petits garçons au bac à sable
On les reconnaît facilement :
Ce sont ceux qui ne savent pas s’arrêter,
Qui n’entendent pas quand on leur dit « NON ! »
Qui ne font pas attention
Mais n’ont pas fait exprès
C’est pas vraiment leur faute…

Celui qui part trop vite
Regrette de ne pas t’avoir fait jouir
Aura sans doute plus d’égard
Que celui qui demande pardon
De t’avoir violée.

Je vis dans une cage
Il n’y a que des militaires, des chasseurs, des flics,
Des marchands et des supporters de foot…
La bave aux lèvres
La bite à la main
Ils s’approchent de moi en sifflant
Et en agitant leurs armes phalliques
Et leurs petits drapeaux.
Plus je tente de m’enfuir
Plus ils s’excitent.
Je ne suis qu’un morceau de viande
SAIGNANTE !

Leurs petits spermatozoïdes hargneux
Vont se frayer un chemin
Jusqu’à ma planète.
Il vont l’ensemencer de leur haine

Et ma blessure
Entre les jambes
Ne cicatrisera jamais !

Oui, je saignerais à chaques lunes
Parce que j’ai pêchée mon père.

Oui, j’enfanterais sous ton scalpel
Parce que tu as raison mon père

Oui j’agoniserais sous ton glaive
Toutes les nuits qui me seront offertes

Oui, je laverais les carreaux
Et je changerais tes couches

Oui, je n’ai plus de « NON ! »
Oui, je dirais « oui » toute ma vie
Et je lèverais le doigt pour aller pisser

Et ma blessure
Entre les jambes
Ne cicatrisera jamais !

Ce soir là
Je lui ai dit « NON ! »
Mais je n’ai pas dut hurler assez fort.
Il ne m’a pas entendu
Et ses copains non plus…
Personne ne m’a entendu.

Moi-même je ne m’entends plus
Je suis déjà loin.
Je n’ai plus de « NON !»

Ce n’est pas vraiment leur faute
Ce doit être plutôt la mienne.
Il n’ont peut-être pas fait exprès
J’ai due sans doute le mériter.

Ils faisaient partie de la race des vainqueurs
Et moi de celle des proies faciles.

Ça aurait put être une belle histoire.

J’ai déchirée les posters
De ma chambre de petite fille.

J’ai jetée mes poupées Barbie
J’ai brûlée mon journal intime.

Je n’ai plus de « NON ! »
Ça aurait put être une belle histoire.

Je me suis mise au bord de mon lit
J’ai mise ma tête entre mes mains
Et j’ai inventée un autre univers.