C’est bientôt la fin


Nous finissons cette époque
comme d'autres
Dans la souffrance et dans la joie
Avec ce petit vertige des époques finissantes.

Les dernières personnes à se réveiller ont la nausée
D'autres commencent à s'habituer à l'odeur

Les enfants gueulent :"Ce monde pue !"
Les parents font semblant de ne rien sentir.

La Femme qui s'affiche le sourire béat
en pâture à une foule d’hormones en rut
qui beugle : "A POIL !"
La Femme bafouée, battue, violée, vendue,
et qui finalement a des doutes
La Femme-marchandise
qui "accepte" son image
assise sur les vestiges d'une condition
contemple l'Homme comme un con !

Et l'Homme-comme-un-con
qui cherche ses mots
qui cherche sa pensée
et l'Homme-comme-un-con
qui cherche la raison
qui se cherche une raison
et l'Homme-comme-un-con
qui ne trouve rien !
C'est normal, c'est bientôt la fin !

Et si tu pouvais voir ce merdier
Comme si tu en étais sortie
Tu serais assaillie de questions débiles
Et les guerres ne cesseront jamais!

Les jeunes cortèges enthousiastes
qui ont toujours l'impression de réinventer le monde
tentent à présent de faire converger les luttes
et s'émerveillent de la fraîcheur du concept!

"Après 10 000 ans de lutte
la connerie humaine
n'a pas pris une ride !"

Les raisons de se réjouir
sont aujourd'hui brevetées
puis reproduites en laboratoire
Pour la plus grande joie
des consommateurs !

Les émotifves-asphixiées qui veulent croire au bout du tunnel
sont une cible de choix pour les requins-cyniques.

D'ailleurs le cynisme a fini de blinder les cœurs :

"Amour" est une marque déposée.

De tous bords surgissent les hordes nerveuses
et qui en ont marre,
et qui veulent en finir
et qui vont tout péter !
L'apocalypse est un trip urbain,
C'est dans la cellule cancéreuse que se complote l'agonie.
C'est dans les villes nucléaires qu'on rumine la fin de ce monde de merde.

Ailleurs, où il reste de la terre
dans les recoins pas trop ravagés,
D’autres reconstruisent autrement.
D’autres essayent de comprendre
Comment vivre ensemble sans s'entre-tuer ?
Et comment habiter cette planète sans la foutre en l'air.

Alors que c’est bientôt la fin,
D’autres anticipent les prochains débuts, au cas ou.

ON peut lire sur les murs de sa ville:

« Tout change Tout ! »

« -Y’m’dit : c’est la révolution !
-j’y dis : Bah qu ‘est ce qu’on fait alors ?
-Y’m dit : on fait c’qu’on veut !
On fait comme si tout est nouveau ! »

« Deviens qui tu es
et vis comme tu veux ! »

« Rien n’est vrai
Tout est permis ! »

« Le temps n’existe pas ! »

« Ne perds pas ta vie à la gagner ! »

« Ne travaillez jamais ! »


Foutus slogans qui gangrènent la conscience des paresseureuses
Bribes de méditations qui creusent les doutes
On se pose des questions
« Faut-il vraiment aller bosser ? »
« Faut-il se poser des questions ? »
On redevient con

Si On pouvait comprendre ce que signifie : « Lacher-prise »
Depuis le temps qu’on en entend parler.
C’est comme : «Liberté, Egalité, Fraternité»
Des mots creux gravés là où ils perdent tout leurs sens :
sur des écoles ou des mairies !
Le jour où On aura vraiment compris ce qu’ils veulent dire
Ces lieux et ces mots n’existeront plus.

D’ici là les prophéties aléatoires
Pleines de craintes et d’espoirs
Rempliront les cœurs
et les creux de la pensée