Roméo : Ma Juliette, je te le dis devant témoin
: JE T’AIME !
Juliette : Moi aussi, je t’aime, mon Roméo.
Roméo : Courons l’un vers l’autre au ralenti
.
Juliette : Oh oui, comme dans les films ! (ils courent au ralenti
comme dans les films)
Roméo : Cette rame de métro sera notre gondole
de Venise.
Juliette : Que c’est beau ce que tu dis là !
Roméo : Avec toi j’irais jusqu’au terminus
!
Juliette : A ce rythme là c’est sûr !
Roméo : Bigre ! ça bouge beaucoup ! Mon ralenti
n’est pas terrible !
Juliette : Attends ! Mon lacet c’est défait !
Roméo : Je t’attendrai toute la vie s’il
le faut ! Ma Juliette…
Juliette : D’ici là mon lacet sera refait mon
Roméo…
Roméo : Tu n’as qu’à repasser en
vitesse normale !
Juliette : Pas con Roméo (elle repasse en vitesse normale)
Roméo : Je sais Juliette !
(le train s’arrête et Barbe-Bleue monte)
Juliette : Ciel mon mari ! Vite Roméo ! Cache-toi sous
la banquette !
Barbe-Bleue : A qui parles-tu femme ?
Juliette : Comment ? Qui ? Quoi ? Hein ?
Barbe-Bleue : A qui criais-tu : « Vite Roméo !
Cache-toi sous la banquette ! » ?
Juliette : A un pauvre contrôleur qui n’avait pas
de ticket. Je l’avais pris pour un resquilleur !
Barbe-Bleue : Il y a un contrôleur dans la salle ? Sors
de ta planque misérable ! Réglons ça à la loyale
!
Roméo : Je…oui… C’est moi… Je
n’ai pas peur de vous… Approchez doucement les mains sur la tête…
Avez vous votre titre de transport ?
Barbe-Bleue : Bougre de con ! Nyctalope ! Ectoplasme ! Je vais
faire du boudin avec tes tripes !
Juliette : La violence ne résout rien…
Roméo : Elle a raison…
Barbe-Bleue : Pantin ! Fumiste ! Je vais te transformer en
brochettes !
Lestrade : Police ! Plus personne ne bouge ! Qu’est-ce
que c’est que ce cirque ?
Roméo : C’est pas du cirque, m’sieu l’agent,
c’est du théâtre !
Lestrade : Ha je m’en fous ! Vous savez lire ? Il est
interdit de troubler la tranquillité des voyageurs !
Barbe-Bleue : Et alors, morovache ! C’est nous les voyageurs
!
Lestrade : Vous ! Mettez les mains sur la barre et donnez moi
vos papiers !
Barbe-Bleue : Foutrocul !Je n’en ai pas !
Juliette : Il est innocent m’sieu l’agent !
Roméo : Il a voulu me manger m’sieu l’agent
!
Lestrade : Le prochain qui l’ouvre, je le boucle !
(A la station suivante un lapin bleu monte)
Le lapin bleu : Mesdames et messieurs, je ne sais pas si vous
me reconnaissez, j’ai été la mascotte d’un jeu télé
, puis j’ai été mis au placard . Viré ! Rejeté
! oublié ! Je vais donc vous faire mon numéro : Youhou hoho me
revoileu, pour la joie des petits et des grands, je suis le lapin bleu et je
suis pas méchant…
Lestrade : Mains sur la tête lapin ! Ou je te transforme
en civet !
Le lapin bleu : Mais j’ai rien fait, moi !
Juliette : Vous n’avez pas le droit, ce n’est qu’un
lapin !
Barbe-Bleue : Vous ne toucherez pas à ma mascotte !
Roméo : Hououou ! Huons le chasseur de lapin bleu !
Tous : Hououoouou…
Lestrade : Silence ! Non mais ho ! C’est qui la loi ici
? Allez j’embarque tout le monde !
Don quichotte : Diantre ! je ne puis souffrir plus longtemps
cette injustice ! Inspecteur ! Au nom des voyageurs ! Mettez bas votre masque
! Vous faites comme nous tous, partie de cette mascarade métropolitaine,
de cette fanfaronnade du quotidien ! Que vous soyez passant, flic
ou lapin vous n’en êtes pas moins clown dans le grand cirque de
la vie ! Je vous le dis comme je le pense : il est temps de saluer et de regagner
les loges !
(Tous se tiennent les mains et saluent, applaudissent les voyageurs et s’en vont)
Drame du quotidien |