Manifeste des anonymes

 

Nous, les anonymes, refusons d'appartenir à aucune époque,
ni à aucun lieu
ni à qui, ni à quoi que ce soit.
Nous ne partageons aucune appartenance
et sommes irrémédiables!

 

 

Nous nions le temps mécanique et cosmique,
la pensée rationnelle et irrationnelle
et tout ce qui s'ensuit...
En vertu du pouvoir de refuser TOUT et RIEN
et leurs contraires.
Nous refusons toutes formes d'asservissement ou de libération!

.

Nous voulons abolir la réalité,
qu'elle cesse de faire loi !
Nous ne voulons pas la voir en face !
Nous sommes prêts à la réinventer
de toutes pièces !

 

 

La réalité est une pure construction,
une vue de l'esprit !
Que nous abolissons par démission, désertion ou dérision
Selon tout ce qui nous échappe
Parfois selon nos goûts.

 

Puisque l'anonymat est notre lot permanent
Et que l'espoir n'est plus un refuge
pour personne.
Nous les innombrables innommables,
Nous les dépossédés de tout,
Nous déclarons la guerre à la propriété intellectuelle et à toutes les impostures.
Nous savons que la société n'existe pas,
nous avons dissout ce qui la tenait unie :
la peur de l'inconnu, de l'autre,
de l'incommensurable
et la sordide peur de nous-même

 

Nous sommes à l'origine de ce monde
sans avoir d'existence propre.
Nous sommes les piliers de ce système illusoire et nous tremblons de peur
Parce qu'il n'y a plus rien sous nos pieds !
Nous avons goûtés au vide
inhérent aux choses
Et nous avons sentis sous nos masques l'ouragan dévastateur de ce vide
Qui aboli d'un coup toute propriété
et toute autorité !

 

 

L'arme s'est subitement retournée contre son inventeur :
On croyait que l'anonymat était
ce qui maintenait le coma social
par le respect de l'anonymat
des citoyens modèles
par la crainte de l'anonymat terroriste
et par le sacre des sociétés anonymes
Mais, c'était sans compter sur
la puissance révolutionnaire du néant !
Voilà que c'est cette même absence
sans nom
Qui réveille brutalement tous les anonymes qu'on croyait endormis.
Et agrandi inexorablement toutes les failles
De ce monde absurde.

Une voix s’élève
sans personne qui la porte.
C’est celle d’un-e anonyme instantané-e.

 

 

 

Fragile souvenir
cruelle promesse
imperceptible instant
ce qui n’a pas de nom
n’a pas de nombre

 

 

 

 

 

Les "nominés" ne le sont toujours que par leurs maîtres

 

 

 

(…)Et l’absence totale de toute possibilité de combat comme de résignation
était tout ce qu’il restait
de ce qu’on appelait autrefois la réalité.

 

 

 

Nous voulons en finir
avec la volonté d’en finir
Et cesser de recommencer
ce qui continue sans fin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Soyez donc rassurés :
il n’y a plus d’insurrection possible
!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'anonymat était notre camisole

nous en avons fait notre manteau.